[Hommage] Le bruit du bonheur qui part – selon lenoil

Benidorm, Raspoutine, Union-Inter, Turkménistan. Autant de souvenirs merveilleux qui se bousculent dans ma tête mais dont le bruit m’est insupportable. Car tu n’es plus là . Tiraillée entre ta peur d’être abandonnée et celle de perdre ta liberté, tu as préféré partir. Ma vie n’a plus aucun sens. Banqueroute. Rapetissement. Ulcération. Interrogation. Tétanisation. Et pourtant, je me souviens. Je ne peux m’en empêcher.

Benidorm. Ramassage de coquillages. Ultra bronzage. Invitation au farniente. Tentations extrêmes. C’était le bonheur absolu. Mais je m’en rends compte seulement maintenant, à cause du bruit que font ses souvenirs depuis que tu es partie.

Raspoutine. Un génie. Indescriptible. Thaumaturge pour certains. Badins selon d’autres. Nous avions passé des heures à tenter de trouver sa cabane natale à Pokrovskoïe. On s’est séparé des milliers de fois à cause de notre désaccord sur ses relations avec la tsarine Alexandra Fedorovna. Mais on s’est toujours réconcilié en lançant une malédiction sur le prince Ioussoupov et tous ses descendants. Malheureusement, tout cela est terminé. Je pense de plus en plus à chasser Grigori Iefimovitch de ma tête, car il fait un bruit insupportable depuis que tu es partie.

Union-Inter. Totalement fou. Bière à n’en plus finir. Royal. L’Union saint-gilloise de retour en coupe d’Europe, contre l’Inter Milan. Qui aurait pu imaginer ça ? Peut-être moi, en cherchant bien. Mais imaginer que tu me proposes de regarder le match à la télévision et qu’on fasse l’amour chaque fois qu’un but serait marqué, c’était ultra-fantasmatique. L’Inter a finalement gagné 1-10. C’est le but de l’Union, un magnifique coup-franc tiré dans les arrêts de jeu, qui m’a achevé. Mais depuis que tu n’es plus là , je ne m’intéresse plus au foot. Le bruit d’un match m’est insupportable sans toi.

Turkménistan. Brossage des tapis. Rien de commun avec ce qu’on avait déjà vu. Unbelievable. Impossible de compter les images du président Saparmourad Niazov. Maintenant que j’y repense, ce voyage ne fut que du bruit. Le bruit de l’avion se posant sur la piste de l’aéroport international d’Ashgabat. Le bruit dans les couloirs de l’hôtel la nuit. Le bruit des chevaux piaffant dans les écuries. Le bruit du Tupolev en pièces détachées qui nous a conduit sans qu’on sache comment jusqu’à Turkmenbachi. Le bruit de la mer Caspienne s’échouant sur les magnifiques plages de sable d’un jaune unique au monde. Le bruit des stations de pompage de l’Amou-Daria. Le bruit de la statue dorée du président qui tourne avec le soleil. Je voudrais oublier tout cela depuis que tu es partie, mais je n’y arrive pas.

Bonheur ratiboisé. Une interminable turpitude.

Texte écrit par lenoil sur Parano.be, secteur ETC.

Une réponse

  1. Le raclement des souvenirs, la sucion intolérable des regrets.

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