Lire dans la pensée

Lire dans la pensée. La pensée comme un livre. La pensée est-elle un livre ? Bien rangées, les lignes de pensées qui s’entassent les unes sur les autres, une page, hop une heure, 24 pages pour une journée et 365 jours feraient un roman. Simplement ? Et un poème représenterait quoi comme pensée ? Une insomnie vaseuse de 25 minutes ? Et un point virgule, non des points de suspension… Un vide neuronal ? Une absence ? Une séance de méditation zen ?
Souffler sur la poussière d’un retraité, lui tirailler le cuir, écarteler ses pages jaunies, commencer en…1920. Seulement 30’660 pages à lire.
Si ce pauvre vieux était la somme de toutes ses pensées, il serait peut-être possible de les scanner, d’enfoncer chaque jour dans une base de données, de créer un organigramme par mots clés ou, plus complexe, selon la sémantique des phrases, les entrecouper, balancer des requêtes et voir les résultats étranges que dessineraient sa vie.
Scanner une vie.
Une vie sur ebook.
Il serait ensuite envisageable d’utiliser un puissant sendmail pour spammer le monde du chaos irréversible de ces 36’660 pages dont les paragraphes, s’il y en a (qui sait ? il a peut-être vécu à 100 à l’heure), éparpillés ainsi tels de malveillants patchworks viraux, seraient dilués dans le foisonnement invraisemblable des mots des autres.
Dossier spam.
Poubelle.
Et le vieux, ricanant, sucera la paille pour mâchouiller les lardons de sa soupe.
Lire dans les pensées ? Autant comprendre les fondements de l’univers avec une paire de jumelle.
La jeune fille promène toujours son chien à 21h. Elle passe à côté du caniveau, attend qu’il défèque, ramasse soigneusement la crotte et l’emballe. Les reflets de l’emballage plastique restent toujours aussi fascinants. Sans pensée.

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