Glabre miroir de la pluie

L’oraison funèbre des corbeaux croassant sur les toits à six heures du matin sous la pluie, alors que les premiers pneus, levés par insomnie, commencent à chuinter sur l’asphalte trempe. Dans l’habitacle, bourdonnement de la ventilation cassée, et derrière le pare-brise les vitrines encore illuminées défilent le long du flou des rues. Les essuie-glace grincent et ce grincement rappelle un peu le croassement des corbeaux tout à l’heure. Des silhouettes sortent et se baissent sous des parapluies qui se morfondent. La ville s’ébroue, la grisaille ne l’ennuie pas, les phares se reflètent dans les rues, miroir soyeux de la vie du matin qui recommence. On dirait une baleine qui rejoint la surface avant de replonger. Les abîmes se taisent alors que les premiers enfants hurlent dans les rues près de l’école. L’habitacle est chaud; près d’un tea-room, ça sent le café. Un croissant, pour vivre un autre jour de silences intérieurs et de bruits universels.

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