Un balai est un ustensile de nettoyage

1,5 g de peau nourrit un million d’acariens. Ma mère piaffe à l’idée de peindre les oeufs avec Lorna, paraît-il. Ma mère est une personne très énergique et je n’ai aucune peine à l’imaginer piaffant d’impatience à la perspective de peindre des oeufs avec ma fille. Il faut qu’elle s’occupe, qu’elle agisse dans un sens ou dans l’autre, même dans n’importe quel sens pourvu que ce soit un sens; sa vie est une grande offrande à l’Action. Mais pourquoi peut-il y avoir jusqu’à 1500 acariens dans un ridicule gramme de poussière ? Souvant durant mes journées devant l’ordinateur j’entends le son de cloches lointaines, de sirènes imperceptibles ou parfois la tonalité occupée. Je sais que mon esprit crée ces sons à partir des graillements et ronronnements fades de l’ordinateur, et que par conséquent mon esprit crée aussi cette obsession de propreté incarnée par le balai et les éponges, ce besoin féroce d’exterminer ces milliers d’acariens qui la nuit en profitent pour me grignoter des grammes de peau. Accrochées à leurs abdomens, frétillant de joie sur leurs six pattes de microns, ce qui m’angoisse par contre est la vision de tous ces millions de têtes de ma mère mastiquant du derme sur le moindre millimètre carré de ma peau. Il existe une connvience psychanalytique entre ma fille peignant des oeufs avec ma mère piaffant d’impatience et les millions d’acariens qui m’entourent impunément. Ca doit être d’ordre sexuel. Mon hypophyse se vexe du dédain que j’offre au printemps et de fait elle pompe ses hormones d’une vigueur accrue. Il faut que je balaie, il faut que je fasse la lessive.

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