Trentenaire avancé cherche équilibre zen

J’aime bien les gens qui reprennent le dessus sur la vie. Personnellement je reprends le dessus sur la vie chaque printemps, me suis-je aperçu avec effroi ce week-end en relisant quelques anciens articles sur ce site. Ce n’est pas négligeable, mon troisième printemps à survivre à moi-même sur le net, et puis ça permet déjà d’établir des courbes et des statistiques comportementales. Donc chaque printemps je me remets à écrire avec vigueur, doué d’une énergie que chaque printemps j’estime être unique, surprenante, et décisive. Le genre d’énergie qui me permettrait de commencer et de terminer un roman par exemple, d’aller au-delà de moi-même, de me surpasser (déprimant, j’associe l’écriture d’un roman à un surpassement personnel), et chaque printemps j’asperge ce site de nouveaux espoirs. Généralement, à titre plus personnel, c’est aussi à cette époque que je me remets à faire un peu de sport. Un béhavioriste me caserait avec indolence et rapidité dans la section des "couches moyennes influencées par les magasines de mode, la télévision et le ciné, trentenaire avancé approchant la crise de la quarantaine paniqué à l’idée de prendre du poids après avoir arrêté de fumer  et tentant désespérément de trouver un équilibre zen dans sa vie de tous les jours", ou un truc plus long dans le genre… Le gars que les jolies midinettes imberbes de 25 ans commencent à appeler "Monsieur" et à voussoyer du haut de leur jeune indulgence.

La gorge sèche, je viens de me rendre compte que cette description me correspond bien, en tout cas à travers une certaine lorgnette un peu distante, mais somme toute on se voit tous de façon un peu distante. Toujours selon les statistiques, je devrais arrêter d’écrire aussi fréquemment d’ici fin avril ou début mai, date à laquelle le rythme des saisons reprend le dessus sur mon enthousiasme de trentenaire lucide, aisé et cynique.
Je reste néanmoins remarquablement stable dans les chiffres nuls des commentaires laissés ici. Et dire que certains blogueurs très virils comparent le nombre de commentaires à des performances sexuelles. Heureusement que je suis au-dessus de ça. Heureusement, oui.

Une réponse

  1. Les mots, le language, cet objet de séduction
    foisonnent au printemps, forcement.

    Heureusement les commentaires ne font pas le pistil. Heureusement, oui.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Calcul *Captcha loading…