Manifeste d’un pendulaire Lausanne – Genève : B. | Féminités

Je n’ai jamais été aussi remarquée. Et tout ce fatras de théories sur les droits de la femme, l’égalité des sexes et le droit de manger du veau autant que les hommes! J’aurais aussi bien pu être une vache qu’on juge à sa robe et la grasse échancrure de sa cuisse, et puis on m’a posée sur un piédestal pour montrer comme j’avais droit à la vie. Le féminisme a été comme de devenir végétarien mais on ne m’a jamais demandé si j’avais ou pas envie d’être mangée. Vaste et vaine spéculation. J’en ai marre d’être vue mais en même temps j’aime bien qu’on me regarde. Quand il fait chaud je ne montre pas mes jambes pour les faire bander mais pour me sentir belle, sauf que je les fais bander, et après ça devient mon problème! Je suis à l’origine de tout et tout revient à moi, cycle naturel en fait; par contre c’est moi qu’on finit par taper, donc. Ce que je peux être agaçante. Ce que je peux être belle. Quand je me mettrai à faire de la poésie, les mecs pourront aller s’épiler. Il y a toujours, toujours-toujours, une image de moi qui te fait saliver, ou pâlir. Je suis l’inévitable aboutissement d’une succession de problèmes insolubles dont j’ai contribué à l’existence. Mais je peux aussi être une simple pétasse qui se maquille mal; non que toutes les pétasses se maquillent mal, c’est juste pour donner un exemple. Quand j’aurai un enfant, toutes ces considérations si obsédantes sur mon avenir flotteront loin en-dessous de moi. Je pourrai pleinement me donner à la peur de vieillir.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Calcul *Captcha loading…