Manifeste d’un pendulaire Lausanne – Genève : C. | Coupable, moi ?

Je m’échine souvent de nos jours à mesurer l’ampleur des désastres. C’est vrai qu’en me levant le matin je me sens un peu coincé entre une pollution industrielle au benzène et l’augmentation phénoménale de la consommation de mazout dans le monde. A cause des Chinois, je murmure dans un soupir légèrement soulagé. Je me balade avec une carotte de glace de l’Antartique pleine de bulles récentes de CO2 dans le cul. Je ne sais pas trop quoi faire avec tout cela alors la plupart du temps j’oublie. Mais dans ce bain de prise de conscience occidentale riche et aisée, ce bain dans lequel on a tout loisir de penser à l’avenir de notre planète et l’équilibre de l’écosystème, je profite souvent d’en parler. Discuter c’est important, c’est bien pour m’enfoncer ensuite sous mes duvets, satisfait de cette soirée pleine de bons mots, et oublier. J’ai déjà assez de problèmes familiaux. Sans parler du travail et des soucis quotidiens, je sais ce sont mes petits soucis, mais quand même. J’écoute souvent la radio, regarde encore beaucoup la télé mais de plus en plus fréquemment je vais sur Internet. Ce n’est donc pas que je sois bien informé, je suis trop informé. Et puisque on me met la tête dans la merde, je suis bien obligé pour survivre de la détourner. L’autre soir par exemple j’ai eu un choix à faire entre me plonger totalement dans une pièce de théâtre sur la violence urbaine et les tueurs en série, et une image horrible aperçue dans un magasine, de ces oies qu’on gave durant des mois avant Noël et qui vivent de longues souffrances pour qu’au moment opportun je puisse offrir du foie gras. Moderne dilemne de la culpabilité. Avec la Palestine et toutes les catastrophes normales. Et dire qu’on sort à peine de la mort de six millions de Juifs.

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