Manifeste d’un pendulaire Lausanne – Genève : Z. | Nathalie

Par un hiver si tendre de mon enfance, alors que la lumière du matin descendait lentement sur un paysage blanc, j’arpentais le chemin de l’école dans la pénombre. Songeant à elle du haut de ses treize ans et à moi du bas de mes 10 ans. Les flocons n’avaient aucune consistance, le monde entier par-delà le brouillard n’avait aucune consistance, seule, elle trônait dans l’immensité du jeune garçon. J’aurais pu la détacher du ciel en lui adressant au moins la parole, mais elle était bien trop belle pour que je la supporte de près. La perfection une classe au-dessus. Je n’avais aucune notion de la beauté du corps d’une femme ou des lignes de son visage, mon amour brillait c’est tout, pur rayonnement. J’aurais du aller vers elle pour lui déclarer mon amour, elle m’aurait ri au nez, peut-être avec un trou à la place d’une dent, et de plus près j’aurais trouvé son regard stupide et je l’aurais dédaignée et si vite oubliée. Si vite comme un jouet perdu. Mais elle est devenue un dolmen ancrant les lois de l’amour dans l’impossibilité pathétique de le vivre, l’amour. Puisqu’elle se tenait là dans le brouillard, elle aussi en avance sur les autres, dans la cour de l’école sautillant pour se réchauffer. Ensemble, nous, si proches, si seuls, par hasard. Et là ma vie, machouillant sa clope, a dit au petit David, que si "tu y vas ta vie sera comme ça mais si tu n’y vas pas alors ta vie sera autrement", dans un de ces élans que la vie sort parfois et qui n’ont aucun sens. Le petite David s’est amusé sur un tas de neige à faire du toboggan parce que sur le coup ça paraissait vraiment drôle, de faire du toboggan sur un tas de neige à quelques pas d’une déesse. Alors la vie s’est déroulée autrement.


Ce texte n’engage que son auteur et ne prétend en rien être exhaustif ou représentatif de quiconque. Il s’agit d’un instantané subjectif, d’une représentation parcellaire et momentanée, ayant pour but l’esquisse littéraire d’un personnage fictif autour d’une personne existante. En aucun cas ce texte n’a pour prétention ou objectif le viol de la vie privée ou la description unilatérale d’une personne existante. A considérer avec précautions, tel un tabloïde de seconde catégorie.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Calcul *Captcha loading…