Manifeste d’un pendulaire Lausanne – Genève : Anne

Et l’orage scintillait sur la colline de l’église d’où la nuit tombée chuchotait des mystères avec les gouttes sur la peau et les fleurs, odeurs d’eau fraîche, goût d’alcool dans les veines. En explosant comme d’habitude, ce souvenir. Impossible d’éviter l’inaltérable, le temps figé, et quand la beauté d’un instant tombe comme un éclair j’ai envie de pleuvoir, de bruisser et de jouer au grillon ivre une nuit d’été. Irrémédiable mémoire et révolue mais constante, mélancolique et sans regret, imprimée sur les vitres de mon train et à chaque regard ailleurs la totalité sensuelle d’une nuit me suit comme si je la portais en lunettes. Constat malhonnête: le procès-verbal de l’amour. Mais il n’y a pas d’amour je le sais bien. Il n’y a qu’une envie d’aimer chevauchant endiablée angélique une envie d’être aimé. Mythologique dilemne entre aimer pour vivre bien et lentement et aimer pour brûler ensemble ou l’incestueux plaisir des moments volés égoïstement. Et je survole le champ de la bataille de l’amour en hurlant haut dans le ciel avant de fondre sur ma pauvre misère d’âme, d’existence, la platitude comme dessert et j’en redemande, je me gave. Anne, on s’évite. Quand il n’y a pas d’issue, on peut toujours s’éviter. Je m’en fous. J’existe avec articulé sur mon visage les expressions mécaniques d’émotions calculées et mortes. Un jour j’irai la revoir et je dirai à ses enfants qu’elle aura eu avec un marin: votre maman est quelqu’un de très gentil. Ce sera con, ce sera dit, ils me prendront pour débile et me mettront sur l’échafaud, mais je m’en moque parce que cette phrase bête, cette envie de dire brute, petit joyau de simplicité, sera la seule pensée sans duplicité que je possèderai jusqu’à l’anéantissement.


Ce texte n’engage que son auteur et ne prétend en rien être exhaustif ou représentatif de quiconque. Il s’agit d’un instantané subjectif, d’une représentation parcellaire et momentanée, ayant pour but l’esquisse littéraire d’un personnage fictif autour d’une personne existante. En aucun cas ce texte n’a pour prétention ou objectif le viol de la vie privée ou la description unilatérale d’une personne existante. A considérer avec précautions, tel un tabloïde de seconde catégorie.

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