[Hommage] – Marie-Rose vue par Furya

marie-rose

« Deux cafés ! »
Marie-Rose hurle. Marie-Rose est la serveuse du Greenwich, café historique, repaire des Kasparov en gilet vert bouteille. A part le stylo autour du cou plutôt que sur l’oreille, elle a le look charcutière de grande surface. Marie-Rose aurait pu vendre des tripes à Mahomet, tellement elle impressionne.

« Un thé, une bière ! »
Marie-Rose ordonne, calcule, marche comme un pygmée dans la brousse avec ses souliers magiques, ses petits mocassins ouverts et compensés qui rappellent les espadrilles Scholl des infirmières d’hôpitaux.
Elle a plus de 35 ans comme le dit l’affiche de l’offre d’emploi qui est restée collée sur la vitre extérieure du café par des années de cigarettes.
Les pires provocateurs n’osent même pas affronter Marie-Rose (dite MR comme le parti conservateur).
Que le client fasse la passe la plus stratégique sur l’échiquier, qu’il lise l’article le plus saisissant d’Ignacio Ramonet, qu’il écrive la nouvelle la plus fracassante de la rentrée, Marie-Rose interrompt. L’argent qui ne rentre pas tout de suite, c’est comme de l’argent foutu.
Avec ses euros in the pocket of the tablier, Marie-Rose est belle comme une interruption de grossesse, comme une rupture d’anévrisme. Marie-Rose fait fantasmer les piliers de bar et allume les lustres avec sa coupe militaire et sa taille de guêpe à pinces.

Marie-Rose n’est pas une brève de comptoir, elle est une envolée lyrique au pays des oies sauvages. Au Greenwich, les vespasiennes sont classées monument historique, Marie-Rose aussi.

Texte écrit par furya sur Parano.be, secteur ETC.

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