De l’apparition de la fin

11 ans.
Le soir, au lit, entre mes parents.
Chacun de son côté, dans leur lecture.
Le sommeil tout proche de moi, et pourtant innatteignable.
Et cette idée à ce moment, sans raison apparente : un jour mon père, mort, et ma mère, morte.
Sans doute leur proximité et tout à la fois leur absence, sans doute la venue du sommeil, de cette disparition-là .
Là au lit avec mes parents, mais quelque part, seul.
Irrémédiablement, seul.
Plus rien, évaporés, et puis mes grand-parents à leur suite, et tous mes amis, tous ceux dans mon amour d’enfant, évanouis.
La mort, la disparition, et moi, seul.
Un jour, comme ça, sans aucune raison, sans aucune logique, seul au monde.
Gorge nouée, corps tétanisé, et les Larmes, des Larmes, sanglots, sans fin.
Le lendemain, oubli d’enfance, joie renouvellée, mais quelque part, au fond, l’enfance, elle toute entière, fracassée, sans retour même imaginé, définitive révolution, morte.
Cette absence de toute action possible.


Commentaire : cette absence de toute action possible, plus tard, par les mots, s’est toujours exprimée en moi sans le verbe.

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