L’arme écologique

La réplique cinglante du préfet fit qu’en se retournant vers la fenêtre de la petite salle enfoncée dans la centrale nucléraire, il aperçut les lentes rotations des accumulateurs au-dessus des salles de refroidissemnt inondées, et ce déplacement hypnotique des colonnes scintillantes lui rappela le scintillement cuivré de son revolver, au creux de sa poche. Ce revolver tombé sous sa main par hasard soi-disant, voilà que ce hasard prenait un sens très précis en cet instant.
Le préfet jubilait tout seul et des petites goutelettes de salive douchaient son bureau en verre poli.
Une seconde plus tard un jet de sang épais s’écoulait régulièrement de sa bouche béante, à côté des goutelettes de salive. Le préfet ne jubilait plus. Il ne jubilerait d’ailleurs plus jamais.
En glissant le revolver tiède dans sa poche, il s’aperçut qu’il venait de tuer quelqu’un pour la première fois de sa vie.
Empêcher la centrale de tourner à son plein rendement était un idéal écologique qui méritait la mort. Il ferma doucement la porte du bureau et s’en alla par la porte principale.
Tout le monde lui souriait.

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