Le mot

Un mot.
Ecrire un mot.
Il y a quelques touches pour cela. Et puis on passe aux suivantes. Peu importe finalement que les touches se suivent, écrire un mot revient à écrire des touches. Il y a là toute une ambition; le virtuel crée cette ambition. Car tout est imaginable derrière une succsession de touches, tout est déterminable et en même temps, aléatoire. On dirait presque de l’indécis.
Ecrire est une indécision. Une façon d’éviter le mot unique; vous savez, ce mot juste, cet unique mot qui tairait toute ambition d’en dire plus. Mais ce mot est introuvable. Il vogue dans l’indécision et de ce fait les autres, tous ces autres mots, comblent le vide pour essayer de le préciser, l’unique mot. « L’Aleph » de Borges, autant que le désir récent d’immortalité d’un clone reprodruit à des millions d’exemplaires, sont des tentatives de fixer cette saveur indissoluble, cette marque d’absolu qu’aucun être concret ne puisse apporter, ni par amour, ni par admiration, ni par relation. Ecrire un mot.
Graver sa tombe et respirer.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Calcul *Captcha loading…