26.

Ma première impulsion fut de ne rien faire. Ne rien faire, c’est toujours ma première impulsion en cas de doute. Je n’allais tout de même pas me précipiter pour éditer ma fiche et y raconter je ne sais quoi ; en fait tout ce que je pourrais y raconter serait déjà un peu de moi sauf si je recopiais le texte d’un autre. Dans un but flou, l’évitement sans doute, j’ai cliqué sur Scanners et sont apparus à nouveau tous ces visages de citoyens, grande palette d’yeux et d’expressions figés sur moi, environ une centaine de portraits miniatures de toutes les couleur de Parano me dévisageant comme au milieu d’une partie de poker douteuse. L’ensemble était assez joli, intriguant du moins. Interpellant. Ma cellule envahie par toutes ces couleurs était comme baignée dans un soleil couchant.
Tiens celui-là avait une gueule intéressante : j’ai cliqué sur sa photo, consciente à cet instant d’agir comme 99% d’entre eux, l’appât, la convoitise, bien naturels en somme lorsqu’on se retrouve enfermé sous terre dans un cercueil high-tech. Une bonne baise permet de tant oublier. Et de tant regretter.
Je ne pouvais pas accéder à sa galerie d’images, un message me disait que je ferais mieux de remplir ma fiche au lieu d’essayer de voir les photos des autres, alors je me suis rabattu sur sa fiche.
Arteso-O-CIN 75412
« 27 ans Belgique Bruxelles

You’re now listening to : Maurice Jarre – Jacob’s ladder.

Le présent n’a même plus le temps de passer, il se voit analysé, découpé en tranches, terrassé. On ne vous laisse plus rien vivre, simplement vivre, oui, tout est sujet à commentaires, à la diarrhée des images et du verbe.

Sometimes il y a des gens, des cars de touristes non nippons. Prendre garde à ne pas glisser sur du rouge à lèvres frais posé à même le sol, pas de pièges, juste des jeux de piste qui vont tout droit, évitent le mur, tracent la route sans emprunter les chemins de traverse désormais connus, reconnus, arpentés, sur lesquels nombre de genoux se sont écorchés… Les bottes cousues de diverses matières ne sont plus entachées de la boue des sentiers, c’est qu’il est parsemé de grandes toiles blanches qui attendent l’inspiration, le parfum du champagne et les demains sans fin. Que la colère quitte désormais les terres fertiles, l’archipel aux rues pavées de vérités est ouvert d’un coup de ciseaux aiguisés.

Fétichiste des phrases qui tournent en boucle sur les menus des DVD…
Fétichiste des clubs de golf de la région de Waterloo…

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