45.

Nous avons fait l’amour dans une de ces niches dont York m’avait parlé. Cela ressemblait à une caverne creusée dans une falaise avec un paysage de montagnes sauvages mirobolant en face de nous. La falaise plongeait dans un fjord à des centaines de mètres plus bas. Mais c’était du toc car le coucher de soleil restait figé, un soleil rougeoyant et immense qui n’arrêtait pas de se coucher. J’en ressentais même la chaleur sur ma peau, à moins que ce ne fût le nectar.
Faire l’amour avec la jeune mermaid87 se révéla être le pied. En comparaison les mecs me parurent soudain si vulgaires, ou pour être plus gentille, si totalement dépassés par le corps d’une femme ; ils ne connaissaient tout simplement pas cette insoutenable douceur, la tendresse coquine des caresses d’une autre femme, cette exquise façon de déjà tout connaître de mon corps et d’aller plus loin que les sensations connues et répétées. Elle m’avait fait l’amour comme elle aurait eu envie qu’on le lui fasse, donnant tout ce qu’elle-même désirait ou avait reçu, échange impossible avec un homme. Alanguie je restais appuyée contre la paroi de la caverne en respirant l’air tranlucide des montagnes.
« Attends je l’ai bloqué, je vais le faire se coucher… », murmura-t-elle.
« Pardon ? »
Elle ouvrit son ordinateur portable et pianota quelques secondes.
« J’ai arrêté le coucher de soleil durant notre rencontre. J’avais envie que ses rayons rouges et roses nous accompagnent pendant que nous étions ici. »
« Quelle couleur faut-il être pour réussir à faire ce genre de manipulation ? »
Elle remonta les fermetures éclair de sa robe jaune.
« Je ne sais plus, ça fait tellement longtemps que je suis jaune. Je ne me rappelle pas vraiment quelles sont les options des oranges ou rouges, encore moins des infrarouges… »
Le soleil disparut derrière un nuage violet, plus bas dans l’horizon, diaprant la petite caverne de quelques rayons disparates. Plus nycthémères que nous, un couple de rapaces dansait au dessus du vide, leurs cris résonnaient dans la vallée du fjord comme les prémices d’une nuit de folie.
« Tout est si merveilleusement faux », soupirai-je.

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