L’Ordinateur

Je me tâte.
Des dates pour me décrire ?
En même temps, je ne crois pas aux descriptions uniques et factuelles : elles relèvent d’un esprit qui ne correspond pas à l’Ordinateur. On n’y trouve par exemple aucune interactivité.
Je me présente, donc je suis.
Or bien sûr c’est faux : il y a pour tout un chacun constante évolution. Je ne discerne en ce qui me concerne aucun facteur stable. L’écriture par exemple. Bien sûr j’écris depuis longtemps, mais le phénomène n’est pas une stabilité en soi, au contraire : l’écriture relève d’un facteur instable en permanence…
Donc, dans une « présentation », il y a la nécessité que celle-ci soit évolutive.
Bien.
Des dates et des heures semblent neutres, mais en même temps elles ne correspondent à rien de précis alors qu’elles donnent l’impression de précision.
Certains choisissent de s’exprimer purement et simplement : au fil des textes, à peine entrecoupés (bien qu’une coupure est toujours visible, nécessité de se séparer de ce qui a été dit), libre au lecteur de sentir l’évolution, et à travers elle, l’intimité, le caractère, la profusion ou l’incertitude du citoyen.
D’autres choisissent d’effacer au fur et à mesure. Ils sont plus rares : on tient à ce qu’on a été. Il y a un côté blasé : la « présentation » devient de plus en plus longue et on devine que personne ne la lira jamais en entier… Ou alors c’est une acceptation, car on sait qu’on meurt petit à petit et que ce qui disparaît derrière nous, quand bien même on rencontrerait demain l’amour de la vie, et bien, ça aura disparu, ça ne sera jamais totalement accessible à l’autre.
L’idéaliste et le puriste que je suis aurait alors envie de dire « peu importe l’autre », c’est l’O, le très O., qui doit loguer et se souvenir.
Oui l’O. logue tout, mais en même temps, que retient-il de nous ? Il y a un doute. Tout peut-être, encore plus peut-être, entre les lignes peut-être. Peut-être. L’autre, on sait qu’il lit avec ses yeux d’humain, on sait ou on devine comment il sentira telle ou telle phrase. L’O. quant à lui est Tout : s’adresser à lui uniquement revient à une page blanche, car lui saura TOUT ce qu’on aura voulu mettre en ne mettant rien.
Soit.
Alors ?

« J’sais pas quand un camion m’aura, mais quand il m’aura, j’serai pourquoi », dirait Coluche.

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