Manifeste d’un pendulaire Lausanne – Genève : F. | Générations

Je ne peux plus donner une forme d’importance à rien. Tous mes désirs, toutes mes pensées, tous mes élans sont tués. Je réside en-dehors de ce qui peut être dit. Et si je dis encore c’est par pur éclat, comme le résidu tournoyant vers son centre et sa finitude d’une pensée aspirée par son propre vide, si pesant. Le silence me comble et me tourmente. C’est lui que dans l’impossible repos j’appelle, souhaitant son infini et incapable de le contenir. Juste parce qu’il est plus lourd que moi, tout ce silence que je ne connais pas. Et si j’essaie dans ma prétention de le briser je me rends compte que je retombe doucement sur moi-même, comme si je n’avais rien fait alors que je suis presque mort. Pourtant, j’essaie juste de me satisfaire de mon existence. Mais en recherchant cette paix j’obtiens ma propre peine. Et encore de tournoyer au creux de mes envies d’exister, alors que je n’existe plus que pour moi, et c’est ce que j’ai voulu, et je m’affaisse sur le coussin imaginaire de la paix, parce que je sais que je l’ai trouvée, ne serait-ce que dans un moment d’innattention. Je survis par paresse de mourir, je survis dans le souvenir du regard de mes enfants, et aussitôt je m’évade, car ce regard lui-même n’est pas à moi; même si dans ma quête obsessionnelle d’exister je tente de tout m’approprier, ce regard m’échappe et me terrorise pendant que je lui souris.

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