Manifeste d’un pendulaire Lausanne – Genève : Yasha

Toute la fierté. La fougue. L’élan et l’amour-propre. Je me souviens de Yasha en deux visages: les yeux rieurs et tendres ou exhorbités irradiant la colère. Bien que ce soit ce qu’elle recherche, difficile de l’imaginer sage, posée, diplomate ou méditative. Et elle est trop entière pour être Suisse ou consensuelle. Son besoin impérieux du monde et de la vie l’amène à refouler sa sexualité, de peur de se laisser déborder par elle. De perdre le contrôle. Elle plonge aisément dans l’instant et s’immerge immmédiatement dans les émotions qui la traversent, en bien ou en mal. Avec l’âge elle a beaucoup appris sur elle-même, construit des digues, des pare-feux, pour maîtriser les débordements connus et faire face aux émotions imprévues avec plus de distance. Elle se méfie aussi plus facilement de tout l’amour qu’elle offre aux autres en général: il s’est déjà retourné contre elle. Elle ne sait pas vraiment par quel coin attraper la société; les chemins usuels l’ennuient; sa passion et son énergie la poussent en-dehors des sentiers battus; mais en-dehors bien sûr, elle ne se sent parfois plus exister. Elle a envie d’aider, d’être utile, de donner toute l’immensité de son coeur, de manière unique, originale, innovante, elle place la barre très haut et est peu encline à l’indulgence ou l’autosatisfaction. Si ce don aux autres part d’un sentiment altruiste profond, même naïf parfois à force d’être limpide, elle ne néglige cependant pas au passage d’attendre des flatteries à l’ego, de recevoir remerciements et reconnaissance. Car Yasha aime aussi briller. En cela elle me rappelle un peu Eleonora. Peut-être même qu’elle aime surtout briller. Son étude opiniâtre de l’accordéon et sa passion pour le chant en sont témoins. Elle traîne derrière elle un léger complexe de l’autodidacte face à l’académicien, qui la rend froide vis-à -vis de certaines personnes parce qu’elle a l’impression de ne pas être à la hauteur en termes occidentaux de savoir et de culture. (Bien qu’avec l’âge et l’expérience elle se soit passablement ébrouée de ce complexe). Mais la dernière fois que nous nous sommes croisés, il y a un an, résidait toujours en elle cette incertitude, ce flottement émotionnel dont quelqu’un de banal se méfierait spontanément, de crainte qu’elle n’explose dans la mauvaise direction. Yasha se rend en effet la vie difficile en n’embrassant pas corps et âme, comme elle sait si bien donner d’elle-même, un métier amenant son corps et son âme justement sur le devant de la scène. Je la vois sur une scène plongée dans l’obscurité, seul un rai de lumière pâle la dévoile au public, et que le spectacle commence; elle:heureuse.


Ce texte n’engage que son auteur et ne prétend en rien être exhaustif ou représentatif de quiconque. Il s’agit d’un instantané subjectif, d’une représentation parcellaire et momentanée, ayant pour but l’esquisse littéraire d’un personnage fictif autour d’une personne existante. En aucun cas ce texte n’a pour prétention ou objectif le viol de la vie privée ou la description unilatérale d’une personne existante. A considérer avec précautions, tel un tabloïde de seconde catégorie.

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