Manifeste d’un pendulaire Lausanne – Genève : Maryam

Elle est là . Quand Maryam arrive quelque part, tout le monde sait qu’elle est là . Elle n’est pas extravaguante, elle n’hausse pas la voix, elle n’essaie pas de se faire remarquer, mais elle a sa manière d’intriguer et de faire les regards se poser. A trop la connaître, j’oubliais presque son charme naturel. Cette sensualité qui est l’apanage de celle qui a l’habitude de plaire. Sa peur de vieillir elle-même s’est changée en volonté de plaire encore plus; et elle a réussi à faire briller autour d’elle une aura d’envie, d’appétit. Un charisme féminin refusant les artifices modernes du lifting et du silicone pour embrasser son âge avec toute sa terreur de ne plus plaire et tout l’éclat de celle qui, lasse et faible et fragile, accepte en se moquant d’elle la férocité du temps. Sa beauté n’est pas vieille, sa beauté n’est pas jeune, sa beauté traduit tout l’éclat d’années à les voir baver à sa suite. Mais là où d’autres ondulent comme des limaces laissant la bave au passé, Maryam s’affranchit de l’âge en éclatant de peur devant les rides: elle a changé sa peur de l’âge en éclats de beautés. Elle me fait penser à Jeanne Moreau. Parce qu’en parlant d’elle je cherche à parler de sa beauté, alors que je pourrais parler de sa façon d’être, de ses manières, de tout autre chose, mais non je parle de sa beauté. Je me pose dans un coin sombre du bistrot où elle s’est assise avec quelqu’un. Je l’ai remarquée. Le temps de finir mon verre elle a disparu et fait partie de celles qu’un inconnu n’oublie pas.


Ce texte n’engage que son auteur et ne prétend en rien être exhaustif ou représentatif de quiconque. Il s’agit d’un instantané subjectif, d’une représentation parcellaire et momentanée, ayant pour but l’esquisse littéraire d’un personnage fictif autour d’une personne existante. En aucun cas ce texte n’a pour prétention ou objectif le viol de la vie privée ou la description unilatérale d’une personne existante. A considérer avec précautions, tel un tabloïde de seconde catégorie.

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