A la pute qui a pris mes poèmes

certains disent qu’on devrait éviter les remords personnels dans le poème,
rester abstrait, et c’est assez sensé,
mais putain;
douze poèmes disparus et je ne garde pas de copies et tu as pris
mes peintures aussi, mes meilleures; c’est suffocant:
tu essaies de me réduire en miettes comme tous les autres?
pourquoi t’as pas pris mon argent? c’est ce qu’elles font
dans les pantalons ivres dormant malades dans un coin.
la prochaine fois prend mon bras gauche ou un billet
mais pas mes poèmes:
je suis pas Shakespeare
mais parfois simplement
il y en n’aura pas plus, abstraits ou autres;
il y aura toujours de l’argent et des putes et des ivrognes
jusque sous la dernière bombe,
mais comme Dieu a dit,
croisant les jambes,
je vois où j’ai fait plein de poètes
mais pas tellement
de la poésie.

Charles Bukowski
to the whore who took my poems
Tiré de “Burning in Water, Drowning in Flame
Selected poems 1955 – 1973
“, Black Sparrow Press, 1986.
Paru la première fois dans:
It Catches My Heart in Its Hands“, 1963.

Traduit par David Ruzicka.

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