26 mai 2019
Ce lieu où je vis maintenant est une œuvre d’art. Enfin, j’essaie d’en faire une œuvre d’art. Je le peuple d’objets, de meubles, de babioles, de décors, de plantes, je le transforme petit à petit. La plupart de ces objets, je ne les utilise même pas. Ils ont tous une fonction, car j’ai de la peine avec ce qui n’a pas de fonction, mais ils sont placés comme pour une mise en scène un peu vide. Les chaises sur les terrasses sont toujours vides, le canapé je n’y vais presque jamais. Mon espace propre est limité à quelques mètres carrés entre le lit et la cuisine. Le reste est une mise en scène, une construction de mon esprit pour former un espace.
L’architecte, plus que le metteur en scène, le peintre, le sculpteur ou le chorégraphe, est constamment plongé dans la création de l’espace, de son lieu de vie, dans la rue, dans la ville, dans le voyage, l’univers construit des hommes se déroule devant lui et à tout moment il en perçoit l’organisation intime qui fait que tous ces gens bougent dans cette direction, vont et viennent dans un certain sens : l’avenue, la rue, l’entrée. Ils se penchent de l’intérieur vers l’extérieur : le percement. Ils montent et descendent : la cage d’escalier. Ils empruntent un chemin de chaille : le parc. Et à chaque espace il y a une fonction, et ils vivent dans cet ensemble de fonctions dont seul l’architecte perçoit en permanence l’essence sous-jacente.
La nuit, tout s’illumine d’une façon bien calculée, chez moi, et puis sur les terrasses, et puis dans la ville, pour satisfaire l’objectif de la fonction et pour remplir l’obscurité de cette vie des hommes.
Le jour, les ombres jouent entre les murs, glissent entre des arbres plantés, le soleil plonge dans la faille d’une venelle, rebondit dans une fontaine, et toute l’harmonie du monde construit se déploie doucement ou violemment, dans la réalité humaine passagère.
Et je me demande si tout cela ne va pas plus loin. Si nous sommes les passagers de toute la Terre que nous construisons, que nous organisons, que nous règlementons. Vaisseau provisoire nous portant autour du Soleil dans une course mystérieuse qu’un jour nous romprons aussi pour avancer encore plus loin l’ordre de notre existence dans l’entropie du cosmos. Nous sommes venus mettre de l’ordre et composer un sens dans le chaos.
Juché au sommet de la ville, mon lieu de vie, colline de béton couronnée de plantes, Summerhill. Lieu transitoire, passager, que je peuple et harmonise, illuminé de soleil d’Est en Ouest : j’y serai le temps qu’il faut, avant de m’envoler.
23 décembre 2016
Quand on enfonce un clou, on enfonce un clou
On enfonce un autre clou, c’est juste un autre clou
Un autre clou remplace un autre clou
Tu construis quelque chose
D’enfoncer des clous, le temps passe
A la fin, c’est quelque chose qui dépasse le temps
Et le clou, c’est le moment présent
20 décembre 2016
Quand on s’endort
Il y a un moment où on ne s’endort pas
Quand ce moment sans dormir arrive
On pense qu’on dort déjÃ
Mais quand il n’arrive pas
On ne sait plus si on dort
Et on ne sait plus si on vit
Et si on est mort, on s’en fout
C’est le moment présent
10 août 2016
Devant l’unanime refus des esthètes au pouvoir, mais je n’ai que mollement revendiqué ma part du gâteau, voici en ligne mon dernier livre.
« Celui qui n’en était pas un » (PDF ci-contre).
24 mai 2016
10 mai 2016
8 avril 2016
29 janvier 2015
Ne rentre pas doucement dans cette nuit si bonne,
Ton vieil âge devrait brûler et gronder à la fin du jour;
Colère, colère contre la fin de ta lumière.
Même si ces hommes sages à la fin savent que la nuit est bonne,
Parce que leurs mots n’ont fait aucune lumière ils
Ne rentrent pas doucement dans cette nuit si bonne.
Ces hommes bons, de la dernière vague, pleurent comme
Leurs brèves vies auraient été dans une verte baie,
Colère, colère contre la fin de ta lumière.
Ces hommes sauvages qui ont attrapé le soleil et l’ont coulé,
Et ont compris, trop tard, qu’il leur manquerait,
Ne rentre pas doucement dans cette nuit si bonne.
Ces hommes presque morts, qui voient aveuglément
Des yeux aveugles qui fusent comme des météores et sont gais,
Colère, colère contre la fin de ta lumière.
Et toi, mon père, là sur cette triste hauteur,
Maudis, bénis-moi avec tes larmes fières, je t’en prie.
Ne rentre pas doucement dans cette nuit si bonne.
Colère, colère contre la fin de ta lumière.
Traduit de « Do not go gentle into that good night », Thomas Dylan, 1951.
A mon père,
David Ruzicka
9 décembre 2014
Il existe d’innombrables domaines de nos jours où l’image établit d’emblée la possibilité d’une coopération. Elle avance une idée, et c’est l’embryon d’une affinité et d’une possibilité de relation.
En Architecture et en Peinture, au devant de tous les médias actuels, l’image a toujours été le moment-clé d’une réalisation possible: Michel-Ange se représente lui-même en train de peindre le plafond de la chapelle. Il s’agit de se vendre. Ce ne sont que quelques traits dessinés en quelques minutes. L’effort du peintre, sa position pénible, son objectif qui tend vers le ciel, résumés en quelques traits qui indiquent au pape d’un bref coup d’oeil la possibilité d’une oeuvre humaine et à la fois… divine. Michel-Ange a remis en question les objectifs initiaux de l’oeuvre, mais ses arguments ne sont peut-être pas entendus autant que cette esquisse brève suggérant le peintre qui s’efforce à atteindre le divin.
Nous, architectes, bien avant vous, membres de l’ère multimédia qui imaginez tout re-découvrir, savons qu’une image brève mais complète n’est pas seulement l’incarnation d’une idée destinée à une affiche, à une carte de voeux animée, à un site web innovateur, à un nouveau magasine, à un produit qui gesticulera de son écran entre vos mains, nous savons depuis longtemps qu’une image façonnera l’immeuble à côté de chez vous, transformera votre quartier, reconstruira votre ville, pour les siècles à venir.
Et maintenant que faisons-nous? La même chose que vous. Nous vendons des quartiers comme s’ils étaient des sites web. Nous gesticulons des images comme si VOUS n’existiez pas.
20 novembre 2014
La Pente: Dans la région lémanique, le traitement de la pente en architecture est un problème récurrent.
La Pente a forcément des conséquences immédiates sur le coût. Il n’existe pas de solution systématique pour ce thème, mais une considération amusante est à noter: on pense souvent que la Côte est chère du fait de la densification, de la rareté des parcelles, de la vue sur le lac etc… alors que la considération purement technique est souvent omise.
Construire sur pilotis en béton est exclu du fait des nombreux règlements, de la Commission Lavaux et de l’intégration de l’ouvrage dans un environnement au patrimoine riche. Donc il faut creuser, inventer de toute pièces des falaises de 15 mètres dans lesquels on insère péniblement escaliers, ascenseurs, parkings souterrains, des caves aux hauteurs vertigineuses et débiles… L’échelonnement par étage le long de la pente est souvent la solution la plus sensible. La creuse est minimale, le vécu de l’habitant est à ressentir non pas seulement comme un vécu de luxe du fait de la situation, mais aussi comme un vécu dans la pente, avec l’effort des escaliers, l’effort qui en contrepartie donne la vue.
En image, une solution consistant à trouver la lumière autant en aval qu’en amont. La vue en amont offre à l’habitat toute la force de la Pente et la beauté quasi tragique de la vue prend soudain sens.
13 novembre 2014
Les mailles métalliques en acier inoxydable sont peu utilisées dans les projets suisse romands en général. Elles permettent pourtant un jeu subtil du lumières. Les densités différentes apportent des variations calmes dans l’expression de la façade de nuit. De jour, on vit un dégradé d’ombres attendrissantes dans les intérieurs. Les mailles offrent aussi un degré d’intimité inusité: leurs entrelacs atténuent la lumière tout en épargnant la vue, du fait de leur proximité, et de l’extérieur, du fait de leur éloignement, elles garantissent l’intimité. En image, la façade des futurs bureaux d’ARTA. Façade rideau, montants non porteurs, vitrages ouvrants.
23 juin 2014
Il n’y a pas vraiment de monde extérieur, quand on se concentre pour ne plus y penser. Je trouve que ce qui arrive au groupe, lorsque nous ne sommes plus dans le groupe, est comme ce qui arrive dans le monde extérieur, c’est beau ou terrifiant, mais surtout, c’est nébuleux. De même que les liens qui existent entre nous tous existeront pour toujours, de même les liens existent entre tous ceux qui existent et qui ne se sont jamais rencontrés. Nous sommes liés par un privilège, nous petit groupe, mais ils sont tous liés, dans ce monde extérieur, par un lien incréé, ou si fin qu’ils peuvent vite l’oublier.
Nous n’avons pas de la chance, ce n’est pas une question de chance, grâce au groupe nous savons que ce lien existe, peu importe l’espace et le temps qui l’entourent de leurs simulacres habituels.
Nous existons, nous groupe, dans la naissance et dans la mort, donc ce lien existe, partout.
Non ce n’est pas une chance, mais bien un privilège, que de le savoir et de le ressentir, comme nous le ressentons tous dans le groupe, j’en suis sûr, à divers moments, en d’autres lieux.
Nous retrouver? A quoi bon? On est toujours tous dans la présence des autres. Il s’agirait peut-être de festoyer à la gloire de ce lien? Certainement pas pour en avoir à nouveau la preuve. C’est tellement flagrant, tellement puissant, que je vis comme une petite fête personnelle régulière en pensant aux autres du groupe et en les aimant même s’ils ne sont pas… là .
Je sais aussi que de se retrouver ainsi serait comme de ramener avec nous, et entre nous, ce que nous faisons pousser dans nos allées intimes, les belles fleurs, les arbres. Et les ronces. Personnellement, je ressens cela comme des obstacles, nos réflexes, nos mimiques, nos petites choses que nous portons et qui nous encombrent forcément, au lien essentiel qui nous unit.
C’est vrai, je parle d’un amour qui est si beau parce que Tristan est loin d’Iseult.
L’essence du groupe concentrée dans celle du duo. Le couple infini. Celui de l’amour dont on ne connait pas la définition. Du lien parfait et total, et éternel, auquel je ne crois pas entre un homme et une femme, mais auquel je crois dans l’espace et le temps éternels du petit groupe, qui est là en cercle, qui s’entend et qui se voit, qui respire ensemble, pour des raisons qui le dépassent. Ce petit groupe réuni par on ne sait quelle tendance absolue de l’inconnu, ce petit groupe qui se retrouve parce qu’il a toujours fallu être là , parce que ce groupe dépasse l’entendement, la gestuelle des sexes et la gestuelles des couches sociales et la gestuelle des idées, parce que ce petit groupe est là maintenant, comme il l’a été avant et comme il le sera toujours, mais ça on s’en fout: on est assis en cercle et on se voit, on exhale le temps et l’espace comme une seule personne.
Il s’agit pour moi de chérir ce qui existe par-delà le temps, ce qui devient continuellement, en la « présence » des autres, car quoi que je fasse, où que j’aille, quoi qu’il advienne, je sais que c’est par ce lien que nous avons vécu, que nous vivons, et que nous étalerons pour ainsi dire à l’infini, que j’existe comme je suis maintenant que j’écris.
De se retrouver comme groupe  serait peut-être de l’ordre du rituel. Pour ne pas se perdre dans l’inanimé et nous ressourcer dans ce lien primordial qui nous unit. Encore une fois, je n’en ressens pas le besoin. Tout ce que je vis au quotidien est une création du groupe, de ce que nous avons vécu. Je ne pourrais pas nommer un seul élément de ma vie actuelle qui n’appartient pas au groupe. Qui n’appartient pas au monde extérieur.
En ce qui me concerne, il s’agit de l’ouverture au groupe comme de l’ouverture au monde extérieur, par lequel je commence ce texte. Le monde extérieur. C’est sans doute la clé de mon sentiment à l’idée de se retrouver, ou pas. Mon rapport au monde extérieur est mon rapport au groupe, et cette relation à tout ce qui bouge autour de moi est si présente dans mon quotidien que c’est comme si je rencontrais chaque jour le groupe pour une nouvelle fusion!
Vous êtes tous en moi, et j’espère que je suis un peu en vous, chaque fois que l’espace et le temps le permettent.
Avec tout mon amour, David.
6 juin 2014
Qui sont étranges.
Il n’y a rien d’étrange dans la rencontre mais tout est étrange dans les circonstances. C’est comme si certaines rencontres étaient faites pour exister tout le temps.
Elles ne se baladent pas, elles n’errent pas, elles ne sont pas absentes car elles n’existent pas. Mais elles sont là .
Destinée? Non.
Hasard? Non.
Elles existent.
La rencontre en soi n’est pas une rencontre mais un fait évident de l’existence qui décide juste de s’afficher. Et je le sais. Et on le sait. Quand ça arrive. Certains lui donnent le nom de l’amour. D’autres prétendent qu’il s’agit d’âmes soeures. D’autres encore parlent de volatilité biophysique ou de quantum explodé.
Mais ce n’est pas ça. Ni ça.
Il n’y a pas de mondes parallèles, de dimensions signifiantes ou d’existences antérieures. Non, la rencontre est un élément de l’Univers.
Hasard, Destinée, Vie antérieure, Amour, Amitié, Quantum, « le Monde est Petit », tous ces petits mots pour décrire quoi? Une rencontre. Ainsi sont faits les Hommes qui cherchent à expliquer et à comprendre.
Mais comment comprendre ce qui n’est pas fait pour être compris? Comment déterminer ce qui n’existe pas? Comment analyser la suite des événements qui n’est pas une suite?
Parce que tout est logique, mais rien ne le devient.
Et dans ce flou fabuleux, naissons-nous.
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