Le paradoxe du passé modifié

C’est un thème récurrent chez les scénaristes, les écrivains et autres imagineurs de tous bords. Borges ne fut-il pas le premier à proposer une rencontre entre un vieil homme et lui-même dans sa jeunesse, sur les bords du Rhône ? Je ne sais pas.

Quoi qu’il en soit, il me semble que ce thème de réflexion n’est pas fondé.
Admettons qu’un personnage puisse revenir dans le temps et y modifier quelque chose. Admettons que suite à cette modification, en revenant dans le présent, tout soit changé. Admettons. Il y a quelque chose qui cloche. Voilà ce qui cloche : comment peut-il “revenir” dans un présent qui n’existe plus ? Comment expliquer la réinsertion du personnage dans un présent modifié alors que lui-même resterait inchangé ? Car du fait même de sa modification dans le passé, le cause à effet veut que peut-être son départ dans le passé lui-même en vienne à ne plus exister, et donc comment pourrait-il revenir au présent alors que lui-même n’existe plus, ou en tout cas pas de cette manière d’exister qui lui a permis à un moment de retourner dans le passé ?
Admettons maintenant que son retour dans le passé n’ait AUCUNE incidence sur l’avenir. Et bien dans ce cas c’est simple : notre personnage imaginaire n’aura que le souvenir du passé, comme chacun de nous lorsqu’on se rappelle le bon vieux temps. Il ne pourra pas distinguer sa remontée dans le temps d’un simple souvenir.

Tout cela part du principe que les évènements, en s’additionnant, construisent le présent. Or ce qu’on oublie, c’est que ce ne sont pas seulement les évènements qui ont effectivement eu lieu qui construisent le présent, mais aussi tous les évènements POSSIBLES. Le passé est un entonnoir dans lequel ont été déversés tous les possibles afin d’aboutir au présent. Dans ce postulat, un retour dans le passé ne pourrait strictement rien changer au présent, puisque ce retour dans le passé serait lui-même contenu dans la construction du présent qui a permis ce retour dans le passé !

Enfin, pour revenir sur terre, selon la physique quantique si un tel évènement pouvait se produire il est fort à parier que les changements sur notre personnage imaginaire seraient tels qu’en fait… il rajeunirait ! Et nous ne parlons pas ici seulement de son corps mais aussi de sa personnalité, de son caractère etc. Il redeviendrait ce qu’il était et de ce fait ne s’en rendrait même pas compte ! En fait il serait plausible de dire qu’à notre propre insu nous soyons tout le temps en train de vivre des aller-retour dans le temps, vieillissant et rajeunissant et re-vieillissant sans le savoir car notre esprit lui-même participe à ces flux et reflux. Dans cette perspective charmante, la mort est un salut : nous permettant concrétement de sortir des impasses temporelles qui nous coincent de partout. Et pour terminer sur une note religieuse : le nirvana, le paradis etc… n’arrivent pas après la mort, mais ils sont la mort elle-même !

2 réponses

  1. Avatar de Maître Capello
    Maître Capello

    Et admettons, que tu puisses retourner dans le passé pour écrire juste le mot “accueil”. Est-ce qu’? ton retour dans le présent ce commentaire existerait encore ?

    🙂

  2. arf
    juste
    la preuve néanmoins que l’intention était la bonne 😉 :
    https://www.davidruzicka.com/images/menu_accueil.gif

    et la page 32, tu l’avais remarqué aussi ?

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