Silence

J’essaie d’imaginer un monde où trois jours par semaine il serait interdit de communiquer sous toutes les formes. Pas de journaux (tabacs et autres fermés), pas d’affiches (recouvertes d’un linceul blanc), la télévision : de la neige sur toutes les chaînes, Internet : une page blanche sur tous les sites du monde, les centrales téléphoniques éteintes, les téléphones portables sans réseau, la radio un bruit de fond chuintant, les cinémas noirs, et les gens, le monde, chaque individu, muet. On ne travaillerait pas, tout serait immobilisé mais en même temps tout le monde serait immobile, chez eux, en balade, silencieux, donc l’immobilité générale ne nuirait à rien. Seuls les enfants, les animaux, les malades et les hôpitaux auraient le droit de poursuivre leurs activités sonores. Mais les mamans ne répondraient pas à leurs enfants, elles souriraient en silence. Avec le temps, ils s’y feraient et peut-être même se réjouiraient d’être devenus assez grands pour, durant ces trois jours dédiés au monde intérieur, réussir à se taire eux aussi.
Trois jours de silence par semaine.
Trois.
Du silence.

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