L’être virtuel (5)

Un boulanger. Il pétrit. Il enfourne. Il farine. Il malaxe. Il décore. Il dore. Dans sa cave. Au petit matin, sa femme vend son travail dans le magasin. Le boulanger est un être virtuel. Le fait d’associer sa vendeuse, ses produits dorés, à son travail nocturne de boulanger, est purement nostalgique. En réalité les chaînes d’alimentation tels que les supermarchés essaient de prolonger l’image du pain frais du boulanger pour mieux vendre. Le boulanger n’existe pas : il est l’extension passéiste d’un processus nostalgique. Nous pourrions vivre sans le concept de « boulanger », mais nous tenons à lui par peur de l’abandon total de la réalité. Dans les faits, c’est une question de symbole : le boulanger doit encore exister parce que sinon il n’y aurait plus de pain frais pour nous nourrir. Or le pain serait autant frais déposé par une machine sur la pas de la porte ; si ce n’est plus.

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