L’être virtuel (10)

Effleurer le corps de l’autre, se pencher au creux da sa nuque, sentir ses frissons, suivre ses gestes, se frotter à la répétition de ses mouvements de plus en plus langoureux, glisser une langue contre l’autre dans la chaleur de sa bouche, se sentir toute chaude en-bas ou se sentir tout dur en-bas, et puis le vent qui souffle dans les branches et des gens qui rient au loin, on ne sait d’où ni pourquoi. Le mystère de la rencontre, la danse de l’approche, la succession des hasards menant à la présence amoureuse, le subtil glissement du quotidien vers la relation profonde entre deux êtres s’aimant.
L’être virtuel y a-t-il droit ? Plus que tout autre ! En fait, là où les conventions physiques seront limitatives, l’être virtuel pourra aller encore plus loin. En vérité, chacun rêve de cela, et en le rêvant, chacun devient un être virtuel.
Le rêve est l’essence même de l’être virtuel. Or l’amour, tel que nous le concevons à sa naissance, est l’expression du rêve de l’autre.
L’être virtuel ressent pleinement ces choses, mais au lieu de les référencer dans sa mémoire en instants uniques, il les reproduit de manière à ne pas être frustré de leur absence : il vit l’amour au lieu de le penser. Il crée l’amour comme un produit consommable. La relation à autrui n’est plus dépendante mais interactive. Il sait que ce ne sont finalement que des images, des instantanés sur lesquels la vie à deux ne repose que sous la forme de souvenirs.
Et que sont les souvenirs tels que ceux-ci si ce n’est l’expression virtuelle de l’amour ?

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