L’être virtuel (11)

On relèvera à juste titre qu’aucune espèce à ce jour n’a pu se reproduire sans passer par la proximité de deux corps.
Assis dans son trou virtuel, travaillant, communiquant, rencontrant, s’amusant, s’alimentant par voie postale, l’être virtuel n’a pas à priori la possibilité de se reproduire. Techniquement pourtant, rien de plus aisé : les banques de sperme. Le mâle envoie sa semence et l’adresse spécifiquement à sa partenaire virtuelle par le biais de la banque de sperme. Chaque être virtuel possédant un identité précise stockée dans une base, ce genre d’opération est sans aucun risque.
Psychologiquement bien sûr c’est une autre question. La barrière de la sensualité et le regret du toucher sont très difficiles à surmonter. Lire un livre sur un écran digital au lieu de tenir sa reliure au creux des mains est un autre exemple de la peine que nous avons à nous libérer des sens que sont l’odorat et le toucher. De même, est-il envisageable pour un père d’éduquer ses enfants sans passer par ces sens ? On voit ici que notre mode de reproduction et d’éducation, notre interprétation de l’instinct maternel et de l’instinct paternel, devront vivre un bouleversement sans précédent afin d’assurer à l’être virtuel sa survie.
Mais, ce bouleversement est-il plus grand que la prise de conscience que la Terre ne se situe pas au centre de l’Univers ?
Parler de Nouvelle Renaissance paraît en effet très pertinent.

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