Cette page est un poème

Il faut refaire le stock des idées mortes, car trop de nuages ont recouvert les véritables sens des images. Tels que :
Au-dessus des plaines de mon existence
Plane un oiseau noir que certains,
Ironiques,
Appellent vautour,
Et que d’autres,
Honnêtes,
Appellent moi.

Ceci ne représente pourtant qu’une subtile distinction entre un moi associé à la réalité commune, que veulent voir les autres, et un moi associé à ma propre conscience de ma vie, cette plaine, que je peux pressentir comme un perpétuel cercle autour de ma mort, ce vautour. Ainsi, les mots ont converti une réalité commune en une réalité personnelle, mais cette conversion ne peut être perçue comme un mouvement, elle est au regard de l’autre un fait statique. Précisément parce que le poème veut chanter une vérité personnelle, et de ce fait le voiler d’une parure qui sonne bien, un ornement adoucissant et conventionnel. Mais figé. Le poème n’explique pas un problème, il l’expose de façon secrète, pour qu’on puisse se l’expliquer à sa manière, se le rendre intime.
Il faut se défaire des ornements inutiles. Les mots doivent être reproduit de façon industrielle, sans jamais que cela ne nuise à l’originalité de leurs constructions :
Les autres de leurs côtés me voient vivants, quand moi forcément de mon côté je me vois simplement avancer vers ma mort.
On ne doit pas se soucier de la sonorité de cette phrase, qui n’indique que la réalité personnelle de celui qui l’expose au regard de l’autre. Brute, peut-être banale, elle est néanmoins vraie, et de ce fait active, parce qu’elle ne nécessite pas d’interprétation.
Par ailleurs, cette page est un poème.

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