Scènes de pensée ordinaire

En ce lieu froid où j’ai besoin d’une couverture pour ne pas trop penser froidement, je vois toute mon existence, dans son ensemble complètement flou, tel un non-sens comique sur lequel je ne peux que trembler, vomir, et me lamenter.
Qui supportera encore de vivre avec moi, qui ne suis qu’un piteux chaos sans aucune force ?
Même l’amour a ses conditions, ses obligations, ses comptes-rendus… Et je ne satisfais aucun de ses formulaires : cela je le vois dans les yeux de celle s’efforçant de m’accepter, de m’aimer grâce à sa volonté, non de me vouloir grâce à son amour.
Je suis seul. Pas comme une plainte. Je pourrais dire du même ton : un ciel d’hiver gris et bas au-dessus des lignes mornes d’un champ. Le ton d’une constatation. Pragmatique. Rien à cacher. Rien à redire. Rien à déduire.
Comme un réconfort :
Scène 1 : il me reste quelque part
Une vantardise secrète
Qui me permet de me voir
Comme si je n’existais pas.
Ce qui signifie : je suis fier de créer, car ceci faisant je procède à un sacrifice, je me tâte l’âme grâce à mes personnages, je m’efface et laisse leurs yeux me scruter.
Alors qu’en-bas, les gens marchent,
Marchent, marchent, marchent
Vers un continent vide.

Scène 2 : au-dessus de toutes les villes,
Un rire tragique.

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