[Remarques]

[Remarques]
Le processus narratif du chapitre 1 est trop axé sur la description de personnages auxquels il semble difficile de s’attacher. L’usage de l’imparfait rend la lecture fastidieuse et, même si certains personnages prennent corps, cette incarnation va contre la patience du lecteur parce qu’aucune action précise ne vient détourer les personnages, mis à part peut-être Igor dans sa cellule et le narrateur.
Le but du premier chapitre était de déclarer la virtualité de l’être en faisant glisser la narration à la première personne d’un narrateur à l’autre, un peu à la manière des romans à tiroirs. Le narrateur raconte, puis ce n’est plus lui qui raconte mais Igor, puis Igor joue à être Masha par tchat et le glissement se poursuit lorsqu’Igor devient Nour, et Nour à son tour serait devenue Barry, le logisticien jet-setique de l’humanitaire.
Ceci déclare plusieurs niveaux de virtualité. L’homme devenant femme. La haine devenant amour. Le Je devenant un autre.
Le but du premier chapitre était que ce glissement, trop procédurier en l’état, je le répète, par le manque d’action immédiate permettant au lecteur de s’identifier aux personnages, le but était que ce glissement d’un narrateur à l’autre aboutisse finalement au narrateur initial. Le “Je” racontant son arrivée dans la cellule d’Igor et DEVENANT Igor dans une boucle infinie se racontant elle-même. Ainsi, un seul personnage se raconte à lui-même au fil des êtres virtuels qu’il incarne.
C’est la syntaxe utilisée dans le premier chapitre qui m’a fait réfléchir. Elle est trop passive. Pâle imitation, je dois bien l’avouer, d’une récente relecture de certaines nouvelles de Borges, où l’auteur trace les contours de vies entières à l’imparfait.
De plus, le projet m’a semblé trop ambitieux, dans le sens évidemment d’une ambition pas assez maîtrisée.
Ainsi, Igor déclare d’emblée la virtualité de ses histoires, et non seulement celles de ses histoires, mais aussi la virtualité de son interlocuteur, le narrateur initial. Ce dernier se fond dans l’imaginaire d’Igor. Le lecteur est brutalement rabattu à la réalité de la cellule et de la rencontre entre Igor et le narrateur. Le narrateur est capable de prendre sa place au moment où Igor se retire.
Le chapitre 2 commence sur l’existence de ce narrateur, ce “Je” énigmatique. Ce Je qui, avant tout prolégomène, meurt ; car son histoire commence au moment de sa mort et de sa rencontre avec celui qu’il n’aura cesse de chercher, Igor.
De façon plus prosaïque (mais pas forcément plus exacte), on pourrait considérer le premier chapitre comme une tentative d’approche du concept de virtualité dans le tissu narratif. Un peu comme de voir l’ensemble d’une peinture avant de se plonger dans le coup de pinceau.

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2 réponses

  1. Avatar de Solylence
    Solylence

    Il n’y a pas d’actions précises dans le premier chapitre effectivement, mais pour ma part, je vois le glissement du « je » d’un personnage ? l’autre comme un jeu de ballon. On se passe la balle ? grande vitesse et ces rebondissements sont équivalents ? des actions. Imaginons que le récit soit filmé, les changements d’angle de vue seraient multiples car le lecteur tiendrait la caméra. D’après moi, un lecteur qui n’a pas eu vent des intentions de l’auteur doit s’accrocher ? ces mouvements et s’il y avait eu beaucoup d’ « actions précises », peut être qu’il y aurait eu beaucoup d’éléments ? gérer pour le lecteur. Je pense que pour une introduction, c’est bien de poser ce concept mouvementé et de faire démarrer plus d’actions précises par la suite. Même si le texte est écrit au passé, ? notre échelle de lecteur les glissements s’opèrent au présent.

    A ce stade, le personnage que je trouve le plus attachant, c’est Nour, peut-être est-ce ? cause de son contexte de vie.

    Le projet est grand et je me réjouis d’en voir les approches futures.

  2. Avatar de David Ruzicka
    David Ruzicka

    Merci pour ces quelques précisions.
    Oui le projet est grand, comme d’habitude en ce qui me concerne, peut-être devrais-je viser un peu plus petit.

    D’humeur moroso-dubitative.

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