Double tour

J’ai rêvé de prison.
Elle était belle, ma prison. Crasseuse, vide, résonnante et puante comme une Alcatraz abandonnée. J’ai rêvé de prison parce que j’ai envie de prison. Envie d’enfermement. Ma cellule est grise, spongieuse, j’y erre sur quelques centimètres humides. La lumière ? Il n’y a pas de lumière, l’éclat moribond de mes pupilles dégoulinant sur un miroir rouillé, tordu. Tordu. Le lavabo, brisé, est libre lui : le siphon s’engouffre vers un relent de varech et l’espace de l’Océan. J’ai tué quelqu’un. Ou plutôt, j’ai prémédité un meurtre, et un “on” scélérat, invisible, m’a enfermé là . Parce qu’”on” savait que je voulais, plus que tuer, être enfermé. Une nuit, je me suis tué. Ma cervelle, crasseuse, vide, résonnante et puante m’attendait le lendemain; cette prison.

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