Il y a peu je vivais encore avec Alice, mais maintenant j’ai changé pour Emmanuelle. J’aime bien changer, parce qu’en même temps ça me change les idées. Mais je ne me leurre pas, je sais très bien que de recommencer une relation est une course futile en avant, mais ce n’est pas vraiment aussi futile que je le prétends parfois, parce qu’en fait de se retrouver avec une autre fille c’est aussi un peu essayer autre chose, se lier à un caractère un peu différent de la précédente, à une éducation qui, bien que semblable à celle d’avant, car là aussi je ne me leurre pas je rencontre souvent le même type de fille et ces filles que je rencontre rencontrent elles aussi j’imagine souvent des mecs comme moi, une éducation qui me convient. Jusqu’au jour où bien évidemment ça ne me convient plus. Quand ça ne marche plus je change, je ne vais pas me poser mille fois la question ou pire me torturer à essayer de faire que ça marche pour finir par afficher ces quelques rares jours de répit un sourire las et coincé. Non de nos jours on a la chance de pouvoir changer facilement et il faut le faire. La rupture fréquente est une forme nouvelle de recherche d’équilibre. D’équilibre dans la liberté. Rien de plus marrant que ces couples proches de la quarantaine qui ont passé dix ans ensemble et qu’on voit trimbaler poussettes et marmots et qui font semblant d’aimer avoir changé leur relation en frustrations, leur jardin intérieur en champ de maïs et leur vie personnelle en esclavagisme. Moi je la saisis à pleines mains ma vie, je l’empoigne et je lui dicte exactement ce que j’attends d’elle, et elle aime ça ma vie, elle adore obéir, elle veut que je lui ordonne. L’équilibre par cassures successives ça existe depuis toujours, et la peur que ça ne mène nulle part aussi existe depuis toujours. Il faut juste cesser de tergiverser et agir. Je vis dans une société de l’action bon sang! Je sais ce que je dois faire! Je sais très bien comment m’occuper de moi-même et aller de l’avant! JE SUIS LIBRE! JE N’AI PAS DU TOUT PEUR DE CREVER SEUL DANS MON COIN POURRI! Je trouverai la paix et la liberté, dussé-je me branler à 70 ans.
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