L’illusoire

Des images errent autour de moi, en cascades sur l’écran
On tue des enfants là-bas, près des vagues à mes pieds
Des amis s’inquiètent de moi comme d’un chien au Maroc

La tentation est de leur donner des conseils profonds
Mais il n’y a pas de profondeur, reste un bout d’écran
Cet écran qui montre tout, et vide tout, à parts égales

Il fut un temps, quand les autres étaient près du feu,
Avec moi, et nous parlions des astres et d’étrangetés
Dans la noirceur du monde, quel éclat nous enivrait?

Dans la verticale paisible du téléphone, défilent
Jusqu’à étouffer, les vidéos des autres qui me vivent
Pour me remplacer par eux, un petit moment de vide

S’il vous plaît, donnez-moi ce petit moment de vide
Dans la noyade des informations, dans un temps que j’oublie
L’illusoire respiration de ceux qui vivent et ne sont pas moi

J’ai des écrans où je les vois déballer leurs vies intenses
Quand je les éteins je me sens tellement seul
Je n’arrête jamais mon lien à ces images, inépuisables

La clarté vient du refus d’être dans toutes ces images
Voulez-vous que je sois le Prophète de ces temps?
Alors je vous le dis: abreuvez-vous de tout

Il en va de ces images des autres comme des drogues
Des temps pour oublier ce qu’être, signifie
Dans la vaste abysse des autres se perdre doucement

L’illusoire solitude crée un lien infini aux autres
Cette poussière étoilée que nous répandons entre nous
Technique macabre de nos êtres éparpillés, gloires vides et tranquilles.

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